Au cours de ses déambulations urbaines, Carol Bücher multiplie les prises de vue des traces laissées par le temps. Sur les murs, les revêtements de sol, les descentes de gouttières et autres palissades de chantiers...Puis, à partir de ces images prises au hasard, il capte les vibrations de la lumière, sonde les profondeurs des ombres, l'épaisseur des traits et module l'intensité des couleurs pour faire surgir des figures, des personnages, des motifs, des formes évocatrices, comme pour les sortir des murs dans lesquels elles se seraient endormies. Fantômes égarés, esprits farceurs, âmes flottantes, corps brisés, disloqués, paysages énigmatiques abandonnés par le hasard peuplent son univers pictural. Un univers qui semble craquer de partout et que l'on pourrait interpréter comme une sorte de métaphore de l'effondrement ou comme la forme incertaine d'un renouveau, d'une renaissance.
Les titres qu'il donne aux images qu'il produit, souvent humoristiques, poètiques, décalés, donnent des indices sur le sens à leur donner. Ils agissent un peu comme une focale, permettent de se mettre à la bonne distance du sujet, de faire une mise au point et de rendre visible l'invisible. Libre ensuite à chacun de réinterprêter, de changer de point de vue.
Carol Bücher vit et travaille à Pantin. Et partout ailleurs.
« L'œuvre se situe dans l’œil de celui qui regarde » Marcel Duchamp ( 1887-1968 )
